Cancer du pancréas : liens avec bactéries et champignons

Une constante émerge : quand on cherche, on trouve.

Appliquée au cancer, cela donne : quand on cherche des micro-organismes, on en trouve ! 😉

Une étude publiée en septembre dans Jama Oncology annonce la couleur : 27 bactéries et champignons dans la bouche sont liée à un risque global 3,5 fois plus élevé pour le cancer du pancréas.

Titre : « Oral Bacterial and Fungal Microbiome and Subsequent Risk for Pancreatic Cancer »

Lien : https://jamanetwork.com/journals/jamaoncology/article-abstract/2839132

L’étude a été menée aux Etats-Unis (sur 2 cohortes épistémiologiques) avec au total 122 000 participants (qui ont fourni un échantillon de salive)… suivis pendant une durée médiane de 8,8 ans (4,9 à 13,4 ans).

445 développèrent un cancer du pancréas. Les scientifiques les ont matchés avec un groupe contrôle de 445. Total donc 890, âge moyen 67,

La présence de 3 bactéries pathogènes (P gingivalis, E nodatum, P micra) augmente le risque.

Pour les champignons, les auteurs notent :

« Le genre Candida a été identifié comme facteur de risque de cancer du pancréas, soulignant ainsi le rôle des champignons buccaux dans la susceptibilité au cancer (risque accru de 1,58 fois, IC à 95 % : 1,05-2,38). Parmi ces champignons, on retrouve Candida tropicalis (risque accru de 1,43 fois, IC à 95 % : 1,00-2,03) et des espèces de Candida non spécifiées (risque accru de 1,34 fois, IC à 95 % : 1,05-1,70). »

C’est fascinant. Il y a bien une corrélation, mais on est toujours incapables d’expliquer le ou les liens de causalité.

La présence de ces micro-organismes dans la bouche est-elle le signe d’un affaiblissement du système immunitaire (ouvrant ainsi grande la porte au développement d’un cancer) ?

Ou ces champignons (avec leur mycotoxines) et bactéries ont-ils un rôle actif dans la cancérogénèse ? Sont-ils des causes ?

Et doit-on faire un distingo entre les 2 types (cause fongique d’un côté, les bactéries n’étant là que de manière opportuniste) ?

On rappelle qu’on les trouve également dans et autour des tumeurs (voir les 2 études publiées dans Cell, en septembre 2022).

Cette étude publiée dans Jama est bien entendu incomplète (impasse totale sur le microbiote intestinal).

Mais le fait est : les indices s’accumulent.

Il est évident qu’il faut creuser la problématique des microbiotes (intestins et bouche) et celle des champignons…. le tout lié avec le système immunitaire.

On finira peut-être par comprendre que le cancer n’est au fond qu’un pas de deux, une danse macabre entre 2 partenaires :

-le système immunitaire

-des micro-organismes pathogènes (virus, bactéries, parasites, champignons), agissant seuls ou en meutes.