Auteur/autrice : Christophe Dubuit

  • Tumeurs bourgeonnantes : âmes sensibles…

    L’expression en anglais me semble plus percutante, et même plus signifiante : « fungating tumors ».

    Eh oui, cela ressemble bougrement à un champignon qui explose.

    J’en parle dans mon bouquin (en suggérant aux lecteurs d’effectuer une recherche sur Google Images… attention, avoir l’estomac bien accroché).

    J’y repense à cause d’un commentaire lu dans un groupe Facebook. L’auteur reprenait la thèse selon laquelle la tumeur serait une enveloppe de protection créée par notre corps afin de « contenir » les cellules cancéreuses.

    De les emprisonner !

    Cette idée m’a toujours semblé aberrante.

    Car on sait que ce qu’il y a autour, le micro environnement tumoral, agit comme une barrière protectrice…. pour la tumeur !

    C’est là où le système immunitaire est trompé, voire même manipulé.

    Bref, l’idée que les cellules cancéreuses seraient à la fois prisonnières dans la tumeur et libres à l’extérieur de leur prison, ne tient pas vraiment la route.

    Autre absurdité : l’angiogénèse. La « prison » faciliterait l’approvisionnement en nutriments… du cancer prisonnier en créant de nouveaux vaisseaux sanguins ?

    Et puis j’ai repensé à ces photos choquantes (de tumeurs bourgeonnantes)….

    Un mécanisme de « protection », ça ???

  • Les vaccins Covid ARNm améliorent-ils l’efficacité des immunothérapies ?

    Une étude publiée le 22 octobre dans Nature fait du bruit.

    Titre : « SARS-CoV-2 mRNA vaccines sensitize tumours to immune checkpoint blockade. »

    Lien : https://www.nature.com/articles/s41586-025-09655-y

    Elle montre un lien positif entre l’injection de produits Covid ARNm (Biontech et Moderna) et l’efficacité des immunothérapies du type Inhibiteur de point de contrôle immunitaire, chez des cancéreux.

    Conclusion : une survie à 3 ans améliorée.

    Diantre ! Cela fait depuis 2021 qu’on lit des horreurs au sujet de ces produits et leurs nombreux effets négatifs (y compris avec le cancer).

    Alors que penser de cette étude ?

    PREMIER PIEGE

    La cohorte est très réduite.

    We identified 180 patients who received a COVID mRNA vaccine within 100 days of ICI [Immune checkpoint inhibitors]initiation, and 704 patients who were treated with ICI and did not receive a COVID vaccine »

    -sur les 180 : « 81 received 1 dose of COVID-19 mRNA vaccination within 100 days, 98 received 2 doses, and 1 received 3 doses »

    SECOND PIEGE

    Le résultat étudié ? Three-year overall survival (survie à 3 ans).

    Pourquoi pas 5 ?

    Ici, le biais (ou la manipulation) est évident… Avec la survie à 5 ans (qui est l’indicateur classique pour le cancer) la comparaison serait beaucoup moins avantageuse puisque ces traitements, en réalité, ne changent pas grand chose (en terme de récurrences et donc de véritable mortalité).

    C’est un piège sous-jacent de cette étude. On compare quelque chose à autre chose… mais qui de toute les façons n’est pas très efficace.

    Dans le détail, selon les auteurs, la survie médiane passe de 20,6 (sans injection ARNm) à 37,3 mois (avec).

    En clair : vous finissez de toutes les façons par passer l’arme à gauche. Mais ça prend un peu plus de temps.

    C’est le grand malentendu vis-à-vis du cancer et de tous les traitements qu’on lui applique : le grand public veut entendre « guérir » alors que ce mot n’existe pas dans le monde de Big Cancer…

    Big Cancer coupe toujours les cheveux en 4 avec des indicateurs statistiques farfelus qui à la fois font peur (le cancer tue) et à la fois vous donnent un peu d’espoir (il faut bien que l’argent continue de couler).

    TROISIEME PIEGE

    Les auteurs de l’étude ont procédé à une stupéfiante cuisine statistique. Jugez plutôt :

    controlling for 39 covariables with Cox proportional hazards regression, including clinical stage, histology, steroid use, performance status, mutation status, comorbidities and treatment year »

    Autant de facteurs hautement subjectifs et possiblement liés à une montagne de biais (et sur une cohorte réduite)… ce qui augmente mécaniquement les risques d’erreurs voire de manipulations.

    Nous sommes très, très loin du cas de figure binaire du style on prend des hommes de 50 ans en bonne santé on forme 2 groupes, l’un avec le traitement, l’autre avec un placebo… Ici, on réduirait les biais au maximum (et encore, allez définir précisément ce qu’est la « bonne santé »).

    En clair : dans un tel brouillard statistique on peut très facilement pousser les résultats dans un sens. Ou dans l’autre.

    On peut les enjoliver.

    CONCLUSION

    Une extrême prudence s’impose.

    On finira sur une pirouette en citant quelques conclusions que les scientifiques adorent utiliser dans leurs articles (quand ils ne sont sûrs de rien) :

    Further studies are warranted to confirm these finding. »

    These results should be interpreted with caution and require validation in larger, prospective studies. »

    -sans oublier le grand classique que vous connaissez tous : « Our findings suggest a potential association, but causal relationships cannot be established. »

    Eh oui. N’oubliez jamais : corrélation n’est pas causalité. 😉

  • Ça vous dirait des métastases sur les nerfs optiques ?

    Cet article a deux -modestes- objectifs :

    -vous démontrer (une fois de plus) l’explosion des publications scientifiques.

    -vous rappeler que quoi vous subissez, des hommes, des femmes… souffrent mille fois davantage.

    Soit la requête sur PubMed : « cancer et case report ». En clair, les articles qui rapportent, exposent des cas très particuliers.

    Près de 1 200 réponses. On voit bien la croissance spectaculaire.

    Au milieu de cette somme d’horreurs… je vous propose un cas.

    Septembre 2025.

    Titre : « Breast Cancer Metastasis to the Optic Nerve: A Case Report »

    Lien : https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC12513407/

    Une femme de 64 ans développe un cancer du sein. Chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie, thérapie hormonale. La totale.

    Dix années après son diagnostic, la patiente perd peu à peu la vue (des 2 côtés).

    Malgré tous les traitements, le cancer a métastasé : cerveau, poumon, os. Elle devient rapidement… aveugle.

    Ce cas est unique car il s’agit de métastases (tardives) sur les nerfs optiques !

    Vous voyez, si j’ose dire… on trouve toujours pire…

  • Cancer et parasites : quand la CIA espionnait l’URSS

    1951. Début de la guerre froide. La CIA rédige une note confidentielle qui résume un article scientifique paru à Léningrad (Union soviétique) en octobre 1950 (dans le journal mensuel Priroda).

    Titre de la note ? « Ressemblance biochimique entre les endoparasites et les tumeurs malignes ».

    Voici ce document (déclassifié en 2011): https://www.cia.gov/readingroom/docs/CIA-RDP80-00809A000600380033-3.pdf

    Quelques extraits :

    « Les endoparasites et les tumeurs malignes se ressemblent à bien des égards en raison des conditions similaires dans lesquelles ils se développent et vivent. Ceci a depuis longtemps suggéré l’idée de la nature parasitaire des tumeurs.
    Les vers parasites intestinaux présentent un métabolisme anaérobie prononcé. Ils déposent dans leur organisme de grandes quantités de glycogène. L’accumulation de glycogène est l’une des propriétés qu’ils partagent avec les tumeurs. Les tissus des vers parasites intestinaux et des tumeurs cancéreuses appartiennent au type amphibiotique euryoxybiotique-aérofermenteur (terminologie de Th. Brand), c’est-à-dire qu’ils se caractérisent par un métabolisme impliquant des oxydations incomplètes en conditions aérobies et sont simultanément adaptés aux conditions anaérobies. »

    On reconnaît là l’effet Warburg. A noter que l’hypothèse parasitaire est ancienne (fin 19ème siècle).

    L’auteur ensuite pointe 2 molécules qui ont des propriétés anthelminthiques et antitumorales.

    -1938 : Myracyl D, un composé aminoxanthone alkylé, a montré une efficacité à la fois contre la bilharziose (infection parasitaire) et contre les tumeurs malignes.

    -1949, G.Kidder : « Guanozolo » (un analogue de la guanine) inhibe la synthèse d’acides nucléiques (ou plus précisément des dérivés de purine) dans les micro-organismes, ainsi que dans des tumeurs malignes chez la souris.

    Bref, cette histoire est anecdotique mais cela montre malgré tout d’anciennes pistes qui sont toujours d’actualité (le repositionnement de molécules vermifuges comme le fenbendazole/mébendazole, ivermectine, etc.).

    Enfin, on peut sourire… Car ce journal soviétique était à l’époque une source ouverte par définition, puisque publié à Léningrad.

    Le fait de le passer l’article par le tamis de la CIA, après l’avoir traduit, l’a classé « confidentiel » pendant 60 années ! 😉

    James Bond 007 prend un sacré coup de vieux.

  • Cancer colorectal : le syndrome rond-de-cuir ?

    On connaît les fameux « Messieurs les ronds-de-cuir » de Courteline… Soit la vie de bureau et l’art et la manière de protéger son délicat séant. Au sens propre.

    Et si c’était une clé ? Quoi ? La position assise.

    Fait : les cas de cancer colorectal (côlon + rectum) chez les individus de moins de cinquante ans augmente (dans de nombreux pays). Et on observe cela depuis les années 2000-2010.

    On connaît des facteurs de risques : aliments ultra transformés, boissons sucrées, obésité, diabète, régime pauvre en fibres, manque d’exercice.

    Une étude baptisée PROSPECT (Post-genomics Risk-stratified Observational Study of Early-onset Colorectal Cancer) a été lancée en 2024, couvrant 5 pays (France, Inde, Italie, UK, USA) afin d’éclairer ce sujet.

    L’un des co-auteurs, le docteur Yin Cao (université de St Louis, USA) déclare au DailyMail que « quelques réponses commencent à émerger ».

    Elle poursuit :

    « Une découverte frappante qui m’a surprise est que l’exercice régulier ne réduit pas les effets nocifs d’une position assise prolongée.

    Les jeunes passent désormais plus de temps à l’intérieur, assis pendant de plus longues périodes que par le passé. »

    On en parle peu et pourtant ce n’est pas nouveau.

    En 2011, une étude australienne soulignait qu’il fallait dissocier l’activité sportive… de cette fameuse position assise.

    « Le temps passé assis apparaît comme un facteur de risque de cancer à part entière.

    « Il semble fort probable que plus on reste assis longtemps, plus le risque augmente. Ce phénomène ne dépend ni du poids corporel ni de la quantité d’exercice physique. » (Neville Owen du Baker Heart and Diabetes Institute, Australie).

    Quittons notre chaise de bureau un instant… Ma génération (1970 et les suivantes) a d’abord connu le phénomène « couch potato » (allongé devant la TV) mais surtout l’apparition des micro-ordinateurs, des consoles de jeux etc.

    Nous ne sommes pas tous devenus des ronds-de-cuir, professionnellement, et mais le fait est : nous passons davantage de temps assis… même si nous pratiquons une activité sportive par ailleurs.

    Et si ce facteur était au fond, c’est le cas de le dire, évident ? La position assise exerçant une pression mécanique sur le rectum et le côlon, favorisant peut-être une forme d’inflammation « à bas bruit » chronique.

    Bref, vous l’aurez compris : levez-vous !