Une étude publiée le 22 octobre dans Nature fait du bruit.
Titre : « SARS-CoV-2 mRNA vaccines sensitize tumours to immune checkpoint blockade. »
Lien : https://www.nature.com/articles/s41586-025-09655-y
Elle montre un lien positif entre l’injection de produits Covid ARNm (Biontech et Moderna) et l’efficacité des immunothérapies du type Inhibiteur de point de contrôle immunitaire, chez des cancéreux.
Conclusion : une survie à 3 ans améliorée.
Diantre ! Cela fait depuis 2021 qu’on lit des horreurs au sujet de ces produits et leurs nombreux effets négatifs (y compris avec le cancer).
Alors que penser de cette étude ?
PREMIER PIEGE
La cohorte est très réduite.
-« We identified 180 patients who received a COVID mRNA vaccine within 100 days of ICI [Immune checkpoint inhibitors]initiation, and 704 patients who were treated with ICI and did not receive a COVID vaccine »
-sur les 180 : « 81 received 1 dose of COVID-19 mRNA vaccination within 100 days, 98 received 2 doses, and 1 received 3 doses »
SECOND PIEGE
Le résultat étudié ? Three-year overall survival (survie à 3 ans).
Pourquoi pas 5 ?
Ici, le biais (ou la manipulation) est évident… Avec la survie à 5 ans (qui est l’indicateur classique pour le cancer) la comparaison serait beaucoup moins avantageuse puisque ces traitements, en réalité, ne changent pas grand chose (en terme de récurrences et donc de véritable mortalité).
C’est un piège sous-jacent de cette étude. On compare quelque chose à autre chose… mais qui de toute les façons n’est pas très efficace.
Dans le détail, selon les auteurs, la survie médiane passe de 20,6 (sans injection ARNm) à 37,3 mois (avec).
En clair : vous finissez de toutes les façons par passer l’arme à gauche. Mais ça prend un peu plus de temps.
C’est le grand malentendu vis-à-vis du cancer et de tous les traitements qu’on lui applique : le grand public veut entendre « guérir » alors que ce mot n’existe pas dans le monde de Big Cancer…
Big Cancer coupe toujours les cheveux en 4 avec des indicateurs statistiques farfelus qui à la fois font peur (le cancer tue) et à la fois vous donnent un peu d’espoir (il faut bien que l’argent continue de couler).
TROISIEME PIEGE
Les auteurs de l’étude ont procédé à une stupéfiante cuisine statistique. Jugez plutôt :
-« controlling for 39 covariables with Cox proportional hazards regression, including clinical stage, histology, steroid use, performance status, mutation status, comorbidities and treatment year »
Autant de facteurs hautement subjectifs et possiblement liés à une montagne de biais (et sur une cohorte réduite)… ce qui augmente mécaniquement les risques d’erreurs voire de manipulations.
Nous sommes très, très loin du cas de figure binaire du style on prend des hommes de 50 ans en bonne santé on forme 2 groupes, l’un avec le traitement, l’autre avec un placebo… Ici, on réduirait les biais au maximum (et encore, allez définir précisément ce qu’est la « bonne santé »).
En clair : dans un tel brouillard statistique on peut très facilement pousser les résultats dans un sens. Ou dans l’autre.
On peut les enjoliver.
CONCLUSION
Une extrême prudence s’impose.
On finira sur une pirouette en citant quelques conclusions que les scientifiques adorent utiliser dans leurs articles (quand ils ne sont sûrs de rien) :
-« Further studies are warranted to confirm these finding. »
-« These results should be interpreted with caution and require validation in larger, prospective studies. »
-sans oublier le grand classique que vous connaissez tous : « Our findings suggest a potential association, but causal relationships cannot be established. »
Eh oui. N’oubliez jamais : corrélation n’est pas causalité. 😉