
Je m’appelle Christophe Dubuit, la cinquantaine tassée, père de trois enfants. J’ai quitté ma France natale pour m’installer en Thaïlande, en Asie du Sud-Est.
Plusieurs cancers mortels parmi mes proches et l’épisode du Covid m’ont mis en chasse.
Comment transmuter la rage et le sentiment d’être une victime impuissante en quelque chose d’utile ? De positif ?
Lire, lire encore et toujours, étudier plusieurs pistes même les plus surprenantes. Sans a priori. Et puis écrire.
Mais avec une conviction, telle une boussole indiquant le nord magnétique : ça suffit !
Je suis suffisamment âgé pour constater que face au cancer nous tournons en rond.
Ou pour être plus précis : on piétine.
La théorie des mutations somatiques, fondation de la cancérologie moderne, débute comme un conte pour enfant : « Il était une fois une de vos 30 000 milliards de cellules…«
Cette cellule subit une mutation. Et puis des années, des décennies plus tard… une tumeur apparaît. Ou pas.
Cette théorie (il y en a d’autres) monopolise le devant de la scène académique et médicale à coup de centaines de milliards de dollars depuis plus de soixante ans.
Elle arrive au bout d’elle-même, épuisée, fanée, grotesque même.
On peut dater assez précisément son acte de décès : 2018 avec la publication de l’intégralité des résultats du projet Cancer Genome Atlas.
Quid ?
Vingt mille tumeurs primaires séquencées couvrant des dizaines de types de cancer, des milliers de chercheurs mobilisés, des années de travail, 2,5 petaoctets de données enregistrées et un budget colossal (plus de 350 millions de dollars).
Et ?
Rien. 😉
Ou plutôt… un remarquable bide.
Ils n’ont trouvé aucune combinaison magique, aucune grille gagnante de Loto, du type si vous avez la mutation A, B, C et D vous remportez à la fois la cagnotte et un cancer du côlon bien pimenté.
Quant à ceux qui ont coché les mutations X, Y, Z sur leur ticket… ils développent un adénocarcinome pancréatique, avec en prime des métastases aux poumons.
Rien de tout cela.
En lieu et place, un stupéfiant chaos.
Des mutations ? Oh oui ! Très nombreuses ! Partout. Chez un seul individu, les mutations diffèrent d’une tumeur à l’autre, voire même d’une cellule cancéreuse à l’autre.
Il faut se rendre à l’évidence : on fait fausse route depuis des décennies.
Les mutations génétiques sont une conséquence et pas une cause (à quelques exceptions près).
Elles sont provoquées (et instrumentalisées pour certaines ?) par les processus cancéreux.
La théorie des mutations somatiques fera bientôt rire tellement elle se confond avec la pensée magique, celle de nos enfants.
Une fois qu’on l’écarte, on retrouve la liberté. On peut enfin partir à la découverte d’autres territoires.
Voilà la première action de l’onconaute : larguer les amarres et redécouvrir l’impératif scientifique (la vraie science, sans la majuscule). Il lève la pensée-ancre et abandonne derrière lui les totems.
J’évoquais le Covid plus haut. Les parallèles avec Big Cancer sont évidents… Les mêmes causes produisent bien les mêmes effets.
Les médecins de Molière -entourés des Précieuses ridicules- n’ont en réalité jamais quitté les planches… Tragédie et comédie à la fois. Seuls les costumes, les décors et les accessoires de scène changent.
Au 17ème siècle, ils prescrivaient des saignées, l’air grave et solennel. Aujourd’hui, ils injectent des poisons cytotoxiques et envoient des dizaines de Gray de rayons ionisants qui endommagent méthodiquement le système immunitaire… celui-là même qui nous protège du cancer et le combat.
Alors forcément, cela fonctionne mal.
Ou pas du tout.
Et pourtant, on s’obstine.
Une fois qu’on a compris cela (au fond la nature humaine), on retrouve la liberté et la joie de penser.
Les jours du cancer ne sont bien entendu pas comptés. Il existe depuis la nuit des temps et nous survivra tous.
Mais c’est sa version «fatalité», sa version «il y a un nouveau protocole», sa version «il a été courageux, mais la maladie était plus forte», sa version «on a tout essayé désolé» qui va crever et d’une sale mort.
Et si nous pouvions enfin reprendre espoir et nous réjouir ?
Bangkok, juillet 2025.
Adresse de courrier électronique : cdubuit@onconautes.com