
1951. Début de la guerre froide. La CIA rédige une note confidentielle qui résume un article scientifique paru à Léningrad (Union soviétique) en octobre 1950 (dans le journal mensuel Priroda).
Titre de la note ? « Ressemblance biochimique entre les endoparasites et les tumeurs malignes ».
Voici ce document (déclassifié en 2011): https://www.cia.gov/readingroom/docs/CIA-RDP80-00809A000600380033-3.pdf
Quelques extraits :
« Les endoparasites et les tumeurs malignes se ressemblent à bien des égards en raison des conditions similaires dans lesquelles ils se développent et vivent. Ceci a depuis longtemps suggéré l’idée de la nature parasitaire des tumeurs.
Les vers parasites intestinaux présentent un métabolisme anaérobie prononcé. Ils déposent dans leur organisme de grandes quantités de glycogène. L’accumulation de glycogène est l’une des propriétés qu’ils partagent avec les tumeurs. Les tissus des vers parasites intestinaux et des tumeurs cancéreuses appartiennent au type amphibiotique euryoxybiotique-aérofermenteur (terminologie de Th. Brand), c’est-à-dire qu’ils se caractérisent par un métabolisme impliquant des oxydations incomplètes en conditions aérobies et sont simultanément adaptés aux conditions anaérobies. »
On reconnaît là l’effet Warburg. A noter que l’hypothèse parasitaire est ancienne (fin 19ème siècle).
L’auteur ensuite pointe 2 molécules qui ont des propriétés anthelminthiques et antitumorales.
-1938 : Myracyl D, un composé aminoxanthone alkylé, a montré une efficacité à la fois contre la bilharziose (infection parasitaire) et contre les tumeurs malignes.
-1949, G.Kidder : « Guanozolo » (un analogue de la guanine) inhibe la synthèse d’acides nucléiques (ou plus précisément des dérivés de purine) dans les micro-organismes, ainsi que dans des tumeurs malignes chez la souris.
Bref, cette histoire est anecdotique mais cela montre malgré tout d’anciennes pistes qui sont toujours d’actualité (le repositionnement de molécules vermifuges comme le fenbendazole/mébendazole, ivermectine, etc.).
Enfin, on peut sourire… Car ce journal soviétique était à l’époque une source ouverte par définition, puisque publié à Léningrad.
Le fait de le passer l’article par le tamis de la CIA, après l’avoir traduit, l’a classé « confidentiel » pendant 60 années ! 😉
James Bond 007 prend un sacré coup de vieux.
