abscopal (du latin ab- « éloigné » et du grec skopos « cible », littéralement « loin de la cible »).
« L’effet abscopal décrit un phénomène rare où le traitement localisé d’une tumeur, comme la radiothérapie, entraîne la régression de tumeurs situées à distance du site traité. En d’autres termes, la radiothérapie peut avoir un effet systémique, affectant des tumeurs qui n’ont pas été directement exposées aux radiations. »
Vous l’aurez compris : aucune magie ici, mais bien le système immunitaire.
Encore lui ! Toujours lui !
Les premières observations de cet effet datent de 1953. Un médecin américain forge le néologisme, en observant une régression spontanée dans des lésions cancéreuses en dehors de la zone irradiée.
En 1956, deux chirurgiens américains publient une analyse de 47 cas de régressions spontanées.
Certains de ces cas avaient reçu une radiothérapie, mais à une dose faible, ne pouvant pas détruire leur cancer. Et pourtant.
A lire aussi : Systematic review of case reports on the abscopal effect (2016)
Lien : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0147027215001038
A lire aussi : The abscopal effect 67 years later: from a side story to center stage (2020)
Lien : https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC7217574/
On a observé également un tel effet avec l’utilisation des inhibiteurs de points de contrôle (anti PD-1 et anti CTLA-4, soit Keytruda/Opdivo/pembrolizumab/nivolumab et Yervoy/ipilimumab).
L’explication semble être la suivante :
-la radiothérapie (sur une tumeur) va « sensibiliser » le système immunitaire (des cellules T se forment, reconnaissant les antigènes du cancer)
-les inhibiteurs de points de contrôle « abaissent » les défenses des tumeurs
-le système immunitaire peut alors s’attaquer aux autres cellules cancéreuses plus efficacement
Le même effet été observé avec la cryoablation sur des souris en 2011, injectées avec des cellules de cancer de la prostate.
3 groupes :
-souris avec cryoablation seulement
-souris avec anticorps bloquant CTLA-4 seulement
-souris avec une combinaison des deux
Dans ce dernier groupe, lorsque les souris sont re-challengées (nouvelle injection de cellules cancéreuses sur un point opposé de la première) : 44 % ne développent pas de seconde tumeur (et pour les 56 % autres, apparition plus lente).
Les deux premiers groupes : aucun bénéfice.
Hypothèse : l’inhibiteur CTLA-4 réduit les lymphocytes T régulateurs (qui agissent comme les « garde-du-corps » des tumeurs en arrêtant la réponse immunitaire). Ensuite la cryoablation endommage/détruit la tumeur, ce qui va générer des cellules T pouvant s’attaquer ensuite aux autres cellules cancéreuses.
Potent induction of tumor immunity by combining tumor cryoablation with anti-CTLA-4 therapy
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